Circé,
ou l’artiste aux multiples supports d’expression.
En septembre prochain, cela fera trois ans que Circé se fait un plaisir de chouchouter vos photos !
En plus de son travail au laboratoire, Circé est une artiste accomplie qui explore une multitude de disciplines, mêlant la photographie, la sculpture, le dessin, et l’écriture. Elle expose ses œuvres et anime également des ateliers créatifs. Après l’immersion dans son parcours et son univers créatif, vous pourrez découvrir tout au long de cet article, sa passion pour le Polaroid et le lift d’émulsion. Une approche unique qui se manifeste tout au long de ses projets.
«
J’ai commencé la photographie par le numérique comme beaucoup de ma génération, c’était un médium que j’utilisais pour capturer des moments. J’avais une grande peur de l’oubli et souhaitais ne rien laisser passer” »
Son parcours
Depuis toute petite, elle ressent ce besoin de créer de ses mains et éprouve une véritable passion pour les arts plastiques notamment pour le dessin, la peinture et la sculpture.
Elle décide alors de poursuivre des études d’Histoire de l’Art, de bijouterie et bien sûr de photographie lors d’un BTS au Lycée Renoir où elle rencontrera notre Laura nationale !
Dans un premier temps, la photographie avait pour but de contrer sa peur de l’oubli, et d’assouvir son besoin de mémoire. C’est notamment ce qui lui donne envie de devenir reporter, afin de documenter et d’informer le monde grâce à ses clichés. Mais au détour de nos discussions, elle me raconte sa vision de la photographie, de l’art et comment cela a évolué dans son esprit.
L’argentique viendra plus tard dans sa recherche artistique. Cela lui permettra de développer une vision différente de ce médium, notamment sur la quantité d’images et la variété de possibilités qu’offrent les supports analogiques.
« J’ai commencé l’argentique seule, à développer dans un petit labo de fac mes pellicules couleurs dans des bains maries approximatif.” »
À la fin de son BTS photo, son père lui offre un merveilleux moyen format, un Mamiya C330, objet de famille qu’elle avait interdiction de toucher lorsqu’elle était petite. Mais après avoir mis du temps à l’apprivoiser de par sa valeur sentimentale et, on ne va pas mentir, de son poids, aujourd’hui elle l’emporte aux quatre coins du monde lors de ses merveilleux voyages souvent chargé d’une Lomo 100 iso !
Pour la dimension professionnelle, après un an dans la partie événementiel de l’entreprise, notamment en cabaret, elle a ressenti le besoin de découvrir d’autres aspects que la prise de vue, et ne trouvant plus le temps pour se consacrer à sa création, elle a décidé d’arrêter les cabarets et demanda à rejoindre le laboratoire pour découvrir la partie production de la photographie. Aujourd’hui, elle s’occupe de vos travaux photographiques la moitié de la semaine afin de lui laisser le temps de développer son art et de l’exposer en parallèle.
« Oui n’importe qui peut faire de la photo mais tout le monde ne l’utilise pas de la même manière. Sur mon poste le plus fréquent appelé « la sortie », je vérifie la qualité des fichiers avant de les envoyer aux clients. Ce poste est d’une richesse folle ! Je peux voir l’ART de tout le monde, du shoot professionnel jusqu’au repas de famille. »
Son travail artistique
Au fil des années, Circé se rend compte de son besoin crucial de diversité au sein de son art. Elle comprend que la photo n’a pas besoin d’être un moyen d’expression séparé des autres. Elle peut tout à fait être mêlée, détournée et transformée sur d’autres supports.
Le “parfait” ne l’intéresse pas. Ce qu’elle aime c’est l’étendue des possibilités à travers les supports analogiques. Qu’il s’agisse de pellicules, de Polaroids ou encore de cyanotypes, elle y trouve une véritable liberté d’expression et s’amuse à détourner leurs utilisations. Elle aime mêler les supports pour créer. Sculpture, dessin, peinture, écriture et photographie sont reliés pour créer son univers artistique.
Notamment, lorsque l’on s’attarde sur son travail, on remarque particulièrement l’aspect de l’identité, la sienne et celle des autres dans la société. Sa vision rassure par la douceur de sa plume et de ses créations mais interroge sur l’image que nous nous donnons, la place que nous occupons, que nous souhaitons occuper auprès des autres et les croyances qui nous sont transmises de générations en générations.
«
Dans mon travail plastique j’utilise beaucoup le polaroid et la technique du lift. Dans ma série « Les Marie » j’utilise ce côté « voile » du polaroid pour habiller les statues que je fabrique. Le travail du polaroid (par sa sortie de l’appareil) et son travail plastique me donnent une sensation de magie. (série marie – polaroid 600)” »
À travers sa série d’œuvres “Les Marie” exposée au festival Expolaroid à la Galerie OpenBach en 2022 à Paris, Circé expérimente une de ses techniques photos favorites, le Lift* d’émulsion Polaroid en les positionnant tel un voile sur ses sculptures en argile. Elles représentent Marie Amélie, Marie Thérèse, Marie Louise et bien d’autres. Elle fait ici un hommage à l’histoire de l’Art et à la représentation féminine la plus fréquente dans l’Art occidental. En la représentant seule, elle la positionne à la fois en femme forte, fragile et libre couverte et découverte de cette émulsion de photo instantanée symbolisant un voile léger. Il y a ici une véritable mise en abyme notamment de l’adolescence et sur le fait de se découvrir à la fois physiquement et psychologiquement.
Cette exploration des techniques nous conduit naturellement à une discussion plus approfondie sur ses projets spécifiques. Par exemple, dans son projet “Paris est une fête ?” en référence au roman d’Ernest Hemingway, Circé utilise la photo instantanée pour commenter la perception utopique de la ville de Paris, en contrastant la réalité avec ses représentations.
Elle joue à l’aide de perles, de fils de couture, de mégots de cigarettes sur ses clichés d’Instax Wide, ce qui nous permet de véritablement ressentir les moments et les sentiments exprimer dans ces images.
En 2023 elle réalise un reportage photo sur sa grand mère et le lien qui les unit à l’Instax Wide nommée “Coco ne parle pas, elle chuchote” et réalisera une interview pour Lomography pour exprimer son travail et sa démarche artistique.
La photographie instantanée étant réellement devenue l’une de ses spécialités, Circé a eu l’occasion d’animer un atelier pour les rencontres photographiques du 10ème en collaboration avec Lomography.
« Les enfants ont dû réfléchir à la conception de photographies avec diverses appareils instantanés sur le thème “Dis moi qui tu es”. L’imagination a vite pris le dessus et les images se sont crées d’elles même. Une touche plastique par le coloriage et le découpage a été ajouté par les enfants afin de mieux exprimer leurs pensées.” »
Après avoir étudié ses projets récents et la profondeur de son travail artistique, il est clair que Circé continue de repousser les frontières de son art. Pour continuer à soutenir et découvrir ses créations, nous vous encourageons à explorer ses projets actuels, comme “Lettres d’amour”, disponibles sur son compte Instagram @circeaime et sur son site internet.
Lexique et bibliographie :
*Technique du lift d’émulsion : “Un lifting d'émulsion, ou transfert d'émulsion, est un processus utilisé pour retirer l'émulsion photographique d'un tirage instantané. L'émulsion peut ensuite être transférée sur un autre matériau, comme le verre, le bois ou le papier.” - Art Polaroid, Wikipédia
Paris est une Fête - Ernest Hemingway, Roman publié à titre posthume, 1964
La Mémoire Familiale À Travers La Photographie Instantanée Avec Circé M. - interview de Circé réalisée par Lomography
Rencontres photographiques du 10ème - Workshop Lomo'Instant par Circé