TEAM LAB' #4

Malo,

“Quand j’ai développé ma première pellicule, ça a été la révélation. Des petits anges sont descendus du ciel, jouant de la trompette au-dessus de ma cuve !“

En arrivant chez nous il y a un an, elle nous a apporté toute sa curiosité et sa passion pour les techniques laborantines. Au fil du temps, elle est quelque peu devenue notre spécialiste du développement noir et blanc, et surtout, des moutons à cinq pattes que nous pouvons par moment avoir au Lab’ ! Pour vous la faire courte, lorsque vous retrouvez une pellicule qui ne peut plus être développée car les chimies n’existent plus par exemple, vous pouvez compter sur elle pour trouver une solution !

Mais avant d'en arriver là, revenons sur le parcours qui a mené Malo à devenir cette experte du développement argentique.

Son parcours et sa vision de la photo

Il y a six ans, Malo commence à s’intéresser à la photo grâce à un de ses amis photographe. Fascinée par son travail, elle s’attaque tout de suite à l’argentique avec un vieux reflex argentique des années 90 offert par une amie. 

“J’ai commencé par faire de la photo dans la rue, de temps en temps au début, puis tout le temps. J’avais quasi constamment un appareil chargé sur moi, je faisais de la photo en allant en cours, au travail, sur mes trajets quotidiens.”

Un peu comme Emile, Malo plonge dans la photographie argentique, recherchant tout sur les techniques de prise de vue, les pellicules, le développement et le tirage. Bref, elle devient totalement mordue ! C'est au moment de ses études en BTS que tout bascule pour elle. C'est là qu'elle se confronte pour la première fois au développement argentique, et cela va changer sa relation à la photographie.

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En BTS, on ne m’a pas laissé le choix, il fallait que je développe mon premier film. Et là ça a été une sorte d’épiphanie. Des petits anges sont descendus du ciel en jouant de la trompette au dessus de ma cuve, et j’ai su que je voulais être laborantine.” »

Au fil du temps, comme pour chacun, nos envies et nos passions changent. Aujourd'hui, Malo photographie uniquement pour son plaisir personnel, avec l'intention de capturer les instants et les objets qui l'entourent (notamment des poubelles et des mégots, oui, c'est sa passion et c'est vraiment cool !). Je fais régulièrement des autoportraits, surtout pour moi, pour m’amuser, et aussi pour garder une trace matérielle des changements corporels liés à ma transition.”

Lorsqu’elle ressent l’envie de développer un peu plus un projet, elle s’empare alors de son moyen format (un RolleiFlex 6x6) ou encore de sa chambre 4x5, souvent pour réaliser des portraits ou ses autoportraits.

Quant aux pellicules, Malo a développé une expertise qui ne s'arrête pas à une simple préférence. Voici ses recommandations. 

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Je n’ai pas vraiment de pellicule préférée, j’ai un peu tout essayé, j’ai beaucoup shooté de Foma 400 en 35mm et en plan-film 4x5. Maintenant, j’utilise principalement de la Kodak XX en 35mm, de la Tmax 100 et de la Portra 160 (surexposée à 100 ISO, c’est un BONBON) en 120. J’utilise ces films pour leur polyvalence et parce qu’on peut les trouver facilement sans se ruiner. (La Double X se bobine, la Portra 160 est la moins chère des Portra, et la Tmax 100 en 120 coûte presque rien.)” »

Elle a beau dire que cela l’intéresse moins qu’avant, mais je peux vous dire qu’elle a bien toujours un appareil autour du cou ! Que ce soit son 6x6, un Contax des années 50 déniché en brocante, ou (mon préféré) un appareil Pikachu qui imprime des Pokémons directement sur les photos 👀👀👀 !! Avec le temps, et surtout depuis qu’elle a été visitée par les angelots du développement argentique, ce qui la passionne vraiment, c'est la technique et le laboratoire !

Pour l’amour du Dév et de l’expérience !

On peut vous le dire, sa principale motivation lorsqu’elle a postulé au lab’ l’année dernière c’était notamment de faire le plus de développements noir et blanc possible ! Donc quand je lui ai demandé aujourd’hui quel était son poste préféré au labo, elle me répond : “C’est ÉVIDEMMENT le noir et blanc ; le fait que ce soit exclusivement du développement manuel, ça me plaît trop !”

Pour elle, chaque pellicule qu’elle développe ici est comme la sienne. Elle leur accorde la même attention (si ce n’est plus) que ses propres films. Également, elle trouve une satisfaction toute particulière dans la variété de négatifs qui nous sont déposés. En plus des classiques comme la Kodak Tx, l'Ilford HP5 ou la Foma 400, il y a aussi des pellicules détournées de leur usage initial.

« 
C’est quand même plus marrant de s’occuper d’un film à usage industriel, d’un film en base papier, de développer des films plus vieux que mes parents ou de trouver des moyens alternatifs de développer des films dont la chimie n’existe plus (donnez-moi des Kodachrome par pitié, j’adore les développer).”* »

Par exemple, la marque bretonne Washi propose des supports artisanaux avec du papier Kozo (Washi W) ou encore des recartouchages de négatifs spéciaux de radio fluorographique (Washi F), et même de négatifs utilisés pour le masquage des circuits imprimés (PCB)* (Washi E). C’est aussi grâce à elle que nous vous proposons aujourd’hui de développer vos pellicules Kodachrome.

Ektachrome 100 développée sans chimie E6

Chez elle, Malo teste un grand nombre de procédés de développements argentiques. Le dernier en date concerne son développement inversible de la pellicule diapositive Ektachrome 100 qu’elle a réalisé sans chimie E6 et on peut dire que c’est spectaculaire ! Rendez-vous sur son compte Instagram pour en voir plus !

Il est vrai qu’il y a un côté magique lorsque l’on développe du film argentique. Il peut toujours y avoir une surprise et il en revient souvent un challenge, surtout sur des pellicules excessivement périmées ou lorsque les chimies adaptées ne sont plus développées. 

Si il y avait un conseil à donner à un débutant

“Mon conseil aux débutants ce serait de ne pas se prendre la tête et de juste faire ce qu’ils ont envie de faire ; d’arrêter de se poser 1000 questions. et aussi de surexposer ses négatifs. Cela donne plus de détails dans les ombres, et ça abaisse la saturation et le contraste des négatifs couleur ! “

En somme, Malo incarne parfaitement la passion pour la photographie argentique. Son parcours, marqué par une curiosité insatiable et une quête constante de perfection, nous rappelle à quel point chaque pellicule développée est bien plus qu’une simple image : c’est un témoignage de son évolution personnelle et artistique.

Grâce à son expertise et à sa créativité, elle réussit à faire revivre des techniques anciennes tout en explorant de nouveaux horizons. Sa démarche, entre respect des traditions et expérimentation, inspire non seulement ceux qui l'entourent, mais aussi tous les amoureux de la photographie. Dans un monde de plus en plus numérique, Malo nous prouve que l'argentique a encore de beaux jours devant lui et continue à capturer la magie des moments fugaces.

Si vous souhaitez en savoir plus sur Malo et suivre son travail, rendez-vous sur sa page Instagram @kodakodacc !

Lexique et ressources :

Washi E :
- Datasheet Washi E https://filmwashi.com/datasheet/E_fr.pdf
- Vidéo “
JE TEST LE NOUVEAU PLAN FILM 4X5 DE WASHI FILM : Le WASHI E.” - Bascule et descentre https://www.youtube.com/watch?v=2PzR2m9SuNs
-
PCB* : Printed Circuit Board ou Carte de circuit imprimé consiste en une plaque de base qui accueille physiquement et par câblage les composants montés en surface (CMS) et raccordés que l'on retrouve dans la majorité des dispositifs électroniques.

*Kodachrome : cette pellicule n’étant plus produite, les chimies utilisées ne sont également plus commercialisées. Si vous en possédez une et que vous souhaitez la faire développer, chez Reportage Image nous pouvons pratiquer un développement noir et blanc nommé “Stand-dev” qui pourra fortement augmenter les chances de découvrir les images présentes sur le film.