information

Quelle pellicule noir et blanc choisir ? Le guide pour des images qui vous ressemblent.

Et non, toutes les pellicules noir et blanc ne se valent pas. Elles sont toutes différentes, comme en couleur ! Chacune a ses spécificités, son caractère ; certaines se ressemblent, tandis que d’autres s’opposent, et c’est ça qui est fantastique, n’est-ce pas ?

En voulant rédiger cet article, nous nous sommes rendu compte qu’il était impossible de vous dire : "cette pellicule est plus contrastée que celle-ci", "celle-là a un grain hyper présent par rapport à sa concurrente directe", car il y a en effet énormément de variables qui influent sur le résultat. C’est pourquoi nous allons vous décortiquer les grandes catégories de noir et blanc, vous expliquer les différents types de grains, les éléments qui peuvent modifier le résultat, et ainsi vous permettre d’avoir une véritable comparaison sur le sujet pour mieux choisir votre noir et blanc. Bonne lecture !


Les différents types de Noir et blanc sur le marché


Pour s’y retrouver correctement, il faut d’abord connaître les différents noir et blanc disponibles sur le marché. (Disclaimer : c’est la partie un peu technique… trop cool pour les geeks, un peu plus relou pour les autres, sorry !)

Cliquez sur les flèches pour déployer le texte.

  • (Du grec pan, "tout", et chrôma, "couleur"), elles n’excluent aucune couleur du spectre. Il s’agit des pellicules les plus courantes sur le marché.

    Exemples : Ilford HP5, Kodak TX 400, Kodak Tmax, Ilford Delta, Rollei Retro 400s…

  • Ortho (du grec ancien ὀρθός [orthós], signifiant "droit" ou "correct"). En photo, cela signifie que le film est sensible uniquement à la lumière bleue ou verte. Il ne réagit donc pas à la lumière rouge, qui ressortira noire, car elle n’affecte pas le film.

    Par conséquent, il est tout à fait possible de le développer à la lumière rouge !

    Exemples : Ilford Ortho 80, Foma Ortho 400

  • “Les pellicules noir et blanc infrarouge sont sensibles aux longueurs d'onde entre 700 et 900 nm (spectre infrarouge proche) et, pour la plupart, à la lumière bleue.”

    L’utilisation de filtres orange, jaune ou rouge est encore plus pertinente pour accentuer les contrastes.

    Exemple : Rollei Infrared 400.

  • Il s’agit ici d’un film DIAPO donc une pellicule positive et non négative ! Exemple : Agfa Scala 50

  • Créé dans les années 90 pour faciliter le développement en minilab (labos de quartier en gros),ces pellicules ont les mêmes formulations chimiques que les pellicules couleurs MAIS elles sont monochromes. En clair, ces pellicules se développent en chimies couleurs (C-41), du coup c’est plus rapide à développer, car cela passe en 15min en machine ! Exemple : Ilford XP2 400.Pour des explications plus poussées, allez jeter un oeil à l’article de Box argentique qui explique parfaitement ce type de film.

  • Il s’agit tout simplement de pellicules utilisées dans le monde du cinéma. La spécificité de ces films est qu’ils possèdent une couche de Remjet sur l’émulsion pour éviter les rayures, les frictions et les fuites de lumière dans la caméra.

    Exemples : Kodak Double X, recartouché par de nombreuses marques, Cinestill, Sunbath Lab, Cinemot.

    Pour plus d’informations, nous avons rédigé un article spécialement sur ces pellicules !

  • Il existe aussi des pellicules sur des supports différents ou détournées de leur usage premier.

    La marque française Washi, que l’on ne présente plus aujourd’hui, propose des films avec une émulsion qui n’était pas initialement conçue pour la photographie, comme un film de surveillance aérienne, de radiographie médicale ou industrielle, et bien d’autres !

    Ces pellicules permettent d’expérimenter des rendus inattendus et totalement différents des grands classiques.

Le grain

Il faut ensuite les départager en termes de technologie de grain ! Il en existe deux :

  • Le classique grain cubique, l’original, aussi appelé "patatoïde", car il n’est pas uniforme, plus large, parfois duveteux… bref, une vraie patate ! Mais tout aussi beau !
    Exemple : Ilford HP5, Kodak TX et la plupart des autres références noir et blanc.

  • Le grain tabulaire, qui, quant à lui, est plus régulier, précis et fin. Ce grain a été développé pour offrir une netteté accrue à vos images.
    Exemple : Gammes Ilford Delta et Kodak Tmax.

À savoir, il existe une formule mathématique utilisée pour évaluer la taille du grain.

Comme l’explique Agfa dans ses fiches techniques "La granularité est la structuration irrégulière de la densité d’un film exposé et développé. La valeur est basée sur la méthode de mesure RMS (root-mean-square). Plus la valeur RMS est petite, plus le grain du film est fin. Cette méthode de mesure vise à faire coïncider la valeur mesurée avec la perception visuelle de la granularité du film."

Par exemple, le RMS d’un Kodak TX400 sera de 17, alors que celui d’une Agfa APX 400 sera de 14, ce qui signifie que cette dernière possèdera un grain moins perceptible.

Malheureusement, tous les producteurs de pellicules ne communiquent pas forcément cette donnée. D’un point de vue technique, il est difficile de toutes les comparer entre elles.

Ensuite, les ISO vont aussi avoir un impact sur la présence du grain sur vos images. Techniquement, plus les ISO sont bas, moins le grain sera visible, et plus ils sont élevés, plus il sera apparent. Cela est dû à la taille des cristaux d’halogénure d’argent présents sur l’émulsion de la pellicule, qui sert à capter la lumière.

ISO bas = taille plus petite ; ISO élevé = taille plus grande.

Il est donc normal que l’APX 400 ait un RMS plus fort que la 100 ou la 200. Voilà pourquoi on ne compare pas non plus les grains d’un film 50 ISO avec celui d’un film 3200 ISO !

ISO faible contre ISO très élevé, pas la même taille de cristaux d’halogénure d’argent et grain cubique (Pan F) contre tabulaire (Delta) ! Techniquement incomparable !

Les variables

Il y a énormément de facteurs qui peuvent influencer les rendus de vos photos. N’oubliez jamais qu’entre deux personnes utilisant la même pellicule, vous pouvez observer des différences à cause de ces éléments :

Marques de moisissures/humidité dû à une mauvaise conservation du film (restée trop longtemps dans l’appareil sans le shooter). Certaines pellicules sont plus sensibles que d’autres sur ce point (Ici, il s’agit d’une Ilford Ortho 80)

  • L’état de la pellicule influe sur le rendu de vos photos. Si elle est périmée, les contrastes seront moins marqués. Il faudra donc potentiellement adapter le développement.

    Une mauvaise conservation peut entraîner l’apparition de marques, comme des traces de moisissure ou d’humidité.

    Et bien sûr, si l’émulsion a été exposée à la lumière (ouverture accidentelle de l’appareil, fuite de lumière, etc.), cela altérera les images.

    Conservez vos pellicules dans un endroit tempéré, à l’abri de la lumière. Vous pouvez également les stocker au réfrigérateur, mais pensez à les laisser revenir à température ambiante pendant au moins une heure avant de les utiliser.

  • Il est effectivement tout à fait possible d’avoir une photo contrastée avec une pellicule dite “plate”, en nuances de gris, et une photo plate avec une pellicule dite contrastée !

    Simplement, tout dépend du type de lumière que vous pouvez observer dans la réalité. À midi, en plein soleil, les ombres seront franches, la lumière sera forte, soit un contraste élevé. Avec un ciel couvert et gris/blanc, la lumière sera homogène et diffuse. Vous n’observerez donc pas ou peu d’ombres. La pellicule n’invente pas, elle interprète, et cela, même si vous choisissez une pellicule contrastée.

    Également, cela dépendra d’OÙ vous réaliserez votre analyse lumière. Si elle est faite sur les hautes lumières, les noirs seront plus intenses, et à l’inverse, si elle est faite sur les ombres, vous aurez donc naturellement plus d’informations, et donc moins de contraste !

  • Cela est sans doute l’un des éléments à véritablement considérer en termes de variable. Le choix du révélateur, le temps de développement, sa température, tout a une incidence en termes de contraste et de présence du grain. Voilà pourquoi, lorsque vous poussez votre film, les contrastes sont plus intenses et le grain est plus présent.

  • Eh bien là, c’est la dernière étape qui pourra changer votre rendu de pellicule. C’est la dernière personnalisation. Ici, vous choisissez d’atténuer ou d’accentuer le contraste et le grain.

    Pour le tirage à l’agrandisseur, le temps d’exposition et la taille de reproduction auront une incidence sur les contrastes et sur la visibilité du grain (plus c’est grand, plus on le voit).

Cette retouche a été faite afin d’avoir un effet de rendu de pellicule 3200 ISO. Accentuation des contrastes, explosion du grain, là où cela est quasi inexistant sur la photo brute de scan.

C’est aussi un disclaimer pour ne pas croire tout ce que vous pouvez voir sur Instagram lorsque les photographes mentionnent la pellicule utilisée. Il y a là, pour la plupart, de la retouche, donc une interprétation !

Ayez toujours une vue d’ensemble et amusez-vous, faites-vous votre propre avis en les testant !

 

choisir son noir et blanc

Ilford FP4 par Circé

Maintenant que vous pouvez différencier techniquement les différents noir et blanc et que vous connaissez leurs variables, nous pouvons enfin essayer de trouver ce qui nous correspond (yahouuu enfin un peu de fun après toutes ces infos barbantes !!).

Globalement, pour bien choisir son noir et blanc, il faut prendre en compte :

  • Avec les infos précédentes, vous devriez maintenant avoir une idée de ce que vous aimez !

  • Et oui, cela peut jouer, car certaines pellicules sont plus difficiles que d’autres à utiliser. Certaines sont très tolérantes en termes d’écart d’exposition, et d’autres, bah, pas du tout ! Voilà pourquoi nous pouvons quasiment assurer que votre première pellicule noir et blanc était sans doute une Ilford HP5 ;) ISO moyen, tolérance incroyable et des rendus globalement excellents !

    Un photographe plus expérimenté pourra alors dompter des pellicules plus exigeantes, qui demanderont des expositions excellentes.

    Et enfin, les pellicules plus créatives, avec des rendus incongrus, sur une émulsion en papier, etc. (certains films Washi par exemple).

  • Évidemment, si vous allez shooter le soir ou en intérieur, évitez les bas ISO, vous risquez d’être déçu…

    Pour vos thèmes d’images (portrait, paysage, street photo, architecture, studio, nuit), vous pourrez préférer certaines pellicules pour leur praticité et leurs rendus de contrastes.

    Par exemple, en street photo, des ISO assez hauts (400) seront préférés pour faciliter la rapidité de prise de vue, obtenir un rendu net et avoir un diaphragme assez fermé.

    En architecture, la texture et les lignes sont importantes, donc les pellicules bas ISO et contrastées seront incroyables !

    Pour le portrait, des ombres trop marquées sur un visage pourront être difficilement rattrapables, donc des contrastes moyens et équilibrés seront plus adaptés.

    Évidemment, vous shootez ce que vous voulez avec les pellicules que vous souhaitez. Le principal, c’est de s’amuser !!

 

les rendus des pellicules Noir et blanc

Au début, nous voulions vous faire une sorte d’index pour que vous puissiez avoir un repère. Cependant, entre ce que disent les marques sur leurs pellicules et les interprétations de chacun, il y a parfois un monde. Nous avons donc préféré vous proposer directement les images pour que vous puissiez jauger par vous-même. Il s’agit ici principalement de photos de la team et de photos trouvées sur le site de Lomography ! (Si vous lisez cet article sur votre téléphone, mettez-le à l’horizontal pour avoir les références des pellicules).

Photos de la team Lab’

Photos disponibles sur le site Lomography.

En définitive, choisir la bonne pellicule noir et blanc, c'est avant tout une question de style, de ressenti et d'expérimentation. N'ayez pas peur de tester différentes options, de jouer avec la lumière et le développement, et surtout, de vous amuser à découvrir ce qui correspond le mieux à votre vision photographique. La pellicule est un terrain de jeu infini, alors lancez-vous et laissez parler votre créativité !